
Être psychothérapeute n’est pas une qualité innée, mais une manière d’être qui se construit et se cultive bien au-delà de la pratique professionnelle. Pour le psychologue américain Carl Rogers (1959), la capacité à offrir un regard positif inconditionnel – en particulier envers des personnes dont les comportements ou opinions diffèrent des nôtres – constitue une attitude fondamentale au cœur de l’efficacité thérapeutique.
Les travaux de Paul Wilkins (2000) soulignent que ce regard ne relève ni d’une technique, ni d’un simple savoir-faire relationnel. Il s’agit d’une posture existentielle, à être pleinement présent et à accueillir l’autre sans jugement. Le regard positif inconditionnel ne peut être simulé : il exige authenticité, ouverture et un profond respect de l’humanité de l’autre.
En ce sens, l’aptitude à offrir un regard positif inconditionnel engage le thérapeute dans un processus personnel continu de développement, d’exploration de ses propres limites, et de transformation intérieure. C’est dans cette cohérence entre attitude intérieure et relation à l’autre que se construit un cadre thérapeutique propice à l’évolution et au changement.
Cette posture va donc bien au-delà du cadre clinique : elle imprègne la manière d’être au monde, les relations sociales, les choix de vie. Être capable d’accueillir la différence, de favoriser l’expression libre de l’autre, sans condition, constitue une clé essentielle pour construire des relations humaines plus justes, plus solides, et une communauté capable de progresser ensemble.
– Rogers C.R. (1959). Therapy, personality and interpersonal relationships. In S. KOCH (Ed.), Psychology: a Study of a Science, Vol 3: Formulations of the Person and the Social Context. New York: McGraw-Hill.
– Wilkins, P. (2000). Unconditional positive regard reconsidered. British Journal of Guidance & Counselling, 28(1), 23-36.