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À la fin du 18ème siècle, l’idée que certains modes de consommation d’alcool puissent être pathologique émerge. Au siècle suivant, la notion d’alcoolisme chronique fait son apparition avec le suédois Magnus Huss qui décrit l’incapacité de s’abstenir de boire de certains sujets associée aux conséquences physiques et mentales de la consommation problématique d’alcool. Ensuite, au 20ème siècle, la définition de la maladie alcoolique va évoluer autour de deux notions :

  • l’abus, c’est-à-dire un usage ayant des conséquences négatives pour le sujet d’un point de vue physique, psychologique, sociale ou judiciaire,
  • la dépendance (physique ou psychologique) incluant la question de l’envie impérieuse de boire (appelé craving en anglais), la perte de contrôle de la consommation, une tolérance entraînant une diminution de l’effet de la consommation ou la nécessité d’augmenter les doses pour obtenir un même effet, enfin, des symptômes de sevrage à l’arrêt de la consommation.

Ces notions d’abus et de dépendance ont eu le mérite de permettre d’aborder la question des consommateurs d’alcool non dépendants qui pouvaient pour autant rencontrer des problèmes importants en raison de leur consommation. Cette approche dichotomique avait néanmoins le défaut de vouloir classer les comportements dans deux catégories exclusives l’une de l’autre ce qui dans la pratique clinique n’était pas retrouvé. Par ailleurs, dans le suivi des patients, cette dichotomie apparaissait avec la définition d’objectifs de prise en charge différents selon que le comportement entrait dans la case « abus » ou celle de « dépendance » avec l’horizon de la consommation contrôlée pour l’un et l’abstinence pour l’autre. Une approche souvent trop simpliste pour être opérante dans l’accompagnement des patients.

Ce début de 21ème siècle nous apporte une nouvelle définition de l’addiction à l’alcool avec le concept de trouble de l’usage de l’alcool issu du DSM V (manuel diagnostique à l’usage des médecins). Une avancée importante en phase avec les approches motivationnelles des comportements addictifs. L’usage d’alcool n’est pas problématique en soi, mais peut le devenir avec une liste de manifestations symptomatiques dont l’accumulation va signer la sévérité du trouble. La classification autour des notions d’abus et de dépendance est donc abandonnée au profit d’un continuum allant de l’absence de trouble au trouble sévère en passant par le trouble léger et le trouble modéré. Ceci offre de nouvelles perspectives dans la prise en charge des patients en permettant un accompagnement plus individualisé dans lequel l’objectif de consommation va être défini avec lui plutôt qu’imposé. Selon les symptômes rencontrés, les outils utilisés seront différents ouvrant ainsi la porte à une meilleure intervention pluridisciplinaire construite autour du patient.

Dans cette approche symptomatique, les thérapies cognitives et comportementales ont leur place en aidant le patient, par exemple, à gérer le craving ou à utiliser des stratégies comportementales pour réussir à modérer la consommation d’alcool dans des situations où l’incitation à boire est importante.

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